Le 14 avril, le concheil munichipal devra voter le budget 2015. Prévision des recettes et des dépenses, le budget est d'abord un acte politique par les choix qu'il contient. Voici comment la majorité a effectué ces choix en tapinois, sans y avoir associé l'opposition qui représente pourtant la moitié de la population... Un récit reconstitué à partir des témoignages de chats de la vallée.
Chat persan de la majorité expliquant la politique municipale à un chat de gouttière de l'opposition (Dessin Philippe Geluck) |
Acte un: le remontage de bretelles - Tout commence au matin du jeudi 15 janvier... La Chatte Que Vous Savez (CQVS) est fumasse: dans sa boîte aux lettres, elle vient de découvrir un tract, distribué la veille dans le village par les chats de gouttière de l'opposition. Il y est notamment question de l'indigence de sa gouvernance (c'est à lire ici)! A cet instant, on la devine ressassant l'expression fétiche de Gargamel, le sorcier des Schtroumpfs dont la seule compagnie est, rappelons-le, le chat Azraël: "Je me vengerai et ma vengeance sera terrible". Cette vengeance ne tardera pas... Le lundi 02 février, les chats de gouttière sont "convoqués" pour le lundi 11 suivant à une réunion en mairie dont l'objet, bien que vague, constitue tout un programme: "Mise au point et communication objective"! Seuls deux d'entre eux vont déférer à cette invitation comminatoire avec, pour éviter tout dérapage, une consigne reçue de leur groupe: "Ecouter mais ne pas répondre". Sage précaution... Voici en effet quelques-unes des amabilités servies par les Persans de la majorité à nos chats de gouttière lors de cette extravagante séance de "remontage de bretelles". Par le Chat Djudant d'abord: "La municipalité, c'est nous! On pourrait revoir votre participation aux commissions municipales". De martial, son ton se fait menaçant: "Un moment, ça va mal se passer". Du Chat Christain ensuite, cette charmante injonction: "Si cela ne vous plaît pas à Katzenthal, il faut déménager!"... L'avalanche de reproches et d'accusations se termine avec la CQVS agitant frénétiquement le tract incriminé et exigeant d'une voix égrillarde "un rectificatif"...
La démocratie participative expliquée aux chats persans |
Acte deux: le courrier à la chatte en chef laissé sans réponse - Le lundi suivant 16 février, les chats de gouttière décident de faire parvenir à la chatte en chef un courrier dans lequel ils lui rappellent d'abord qu'"il n'existe aucun rapport de subordination de l'opposition à la majorité justifiant l'exercice de +mise au point+ auquel vous vous êtes adonnée (...) dans une tonalité de cour de caserne". Ils poursuivent: "Cette réunion aura au moins eu le mérite de révéler au grand jour l'incompréhension de nos deux parties de ce que devrait être le bon fonctionnement des instances municipales, conseil et commissions". Soucieux du blocage institutionnel qui pointe, ils lui font ensuite cette proposition: "C'est pourquoi nous vous proposons de mettre en place un règlement intérieur du conseil municipal, comme cela se fait dans de nombreuses communes, et de créer une +commission mixte+ chargée d'élaborer un projet devant être soumis à l'assemblée municipale". Et, faisant référence à une réunion de préparation budgétaire fixée au lundi 23 février, ils lui font accessoirement remarquer qu'"aucune réunion de la commission +Finances+ n'a eu lieu" depuis les élections de mars 2014. La remarque n'est pas anodine alors que l'Assemblée nationale a approuvé en octobre dernier une baisse de 3,7 milliards d'euros de la dotation globale de fonctionnement (DGF) à verser en 2015 aux collectivités locales. Pour la vallée des chats, cela signifie €15.000 qui ne seront pas versés par l'Etat et qui manqueront, de fait, aux recettes communales attendues pour l'exercice en cours. Et à ce jour, l'opposition attend toujours une réponse. "Je passe sur le dédain montré pour l'opposition par le silence de la CQVS", commente une chatte de gouttière. "Mais au-delà de l'opposition et du rôle qui lui reconnu par les institutions, c'est le mépris montré pour la moitié des chats du village ayant voté pour nous qui ne passe pas", ajoute-t-elle.
Acte trois: "Un règlement intérieur? Mais vous n'y pensez pas!" - Arrive la réunion de "préparation" du budget du lundi 23 février. De fait, le budget est déjà ficelé mais les chats de gouttière ne le savent pas encore. A l'ouverture, ceux-ci reviennent à la charge pour obtenir une réponse à leur demande de règlement intérieur. "A la fin de la réunion", leur promet la CQVS qui enchaîne en égrenant les réalisations devant être effectuées dans l'année et dont les fidèles lecteurs du "Ch@rivari" ont eu connaissance en avant-première il y a quelques jours (Relire un peu plus bas). Mais rien sur les recettes, les nouveaux taux d'imposition, les emprunts à effectuer ou encore la baisse prévue de la DGF... Rien sur la question, éminemment politique, de savoir qui paiera, dans quelle mesure on paiera et de quelle manière on paiera... Rien! Arrive la fin de la réunion et la question qui fâche: quid du règlement intérieur? "Notre séance s'est bien déroulée. On verra tout cela plus tard. Ce n'est pas ma priorité", coupe notre chatte en chef en renvoyant tout son monde à la maison. "C'est du foutage de gueule!", s'indigne un chat de gouttière sur le perron de la mairie. "Pour préparer un budget, il faut d'abord fixer les recettes dont dépend la pression fiscale. Comment l'équilibrer, quelles taxes augmenter, autres recettes, emprunts? Ensuite, on peut prévoir les dépenses", abonde le Chat Marius, vieux sage ayant conduit les affaires de la commune à deux reprises (1977-1989 et 2001-2008). "J'ai l'impression qu'elle (la CQVS, ndlr) n'a encore rien compris", ajoute-t-il. L'acte quatre de ce petit théâtre aura lieu lors du concheil munichipal convoqué pour le 14 avril. Va y avoir du sport! N'oubliez pas votre caméscope...